Pourquoi couvrons-nous nos chevaux en hiver ?
Couvrir son cheval est devenu geste banal l’hiver. Pour nous permettre de continuer de travailler nos chevaux pendant cette période hivernale, nous les tondons puis leur mettons des couvertures.
Couvrir son cheval : l’importance du choix de la couverture
Il est très important de savoir choisir sa couverture aussi bien au niveau du poids, de la taille que de la forme. Une couverture mal ajustée peut créer des blocages ostéo ainsi que des tensions musculaires. Ces tensions sont très souvent trouvées au niveau du garrot, du brachiocéphalique ou encore des glutéaux. Le forme de la couverture a bien évidemment un gros impact sur ces tensions également. Si votre cheval est « long », à des épaules très développées ou encore un garrot saillant, la même couverture que son copain n’ira probablement pas. Dans cet article, je vous partage une étude sur le choix de la forme de la couverture.
Une fois la forme et la taille trouvées, arrive la question du grammage. Par anthropomorphisme, très souvent les chevaux sont surcouverts. J’espère que l’étude ci-dessous vont fera réfléchir au grammage que vous utiliserez.
Étude : l’impact du grammage des couvertures sur la température musculaire
Le but de l’étude est d’analyser la température des muscles dorsaux d’un cheval au paddock pendant une heure, sans couverture et avec une couverture de 200 et 400g.
Le cheval était tondu, la température était de -12 (avec un vent à effet -32).
Analyse des températures des muscles dorsaux avec différentes couvertures
Sans surprise, la température de ses muscles dorsaux a chuté, sans couverture. En revanche, là où c’est intéressant, c’est qu’avec un grammage de 200 ou 400g il n’y a eu aucune différence sur la température des muscles dorsaux.
Et soyons honnêtes, en France, nous avons rarement ce genre de températures, sauf en montagne, donc avons-nous vraiment besoin d’avoir une 400g dans notre stock ?
Le mythe des oreilles froides
“Okay mais quand je touche les oreilles de mon cheval, elles sont gelées, c’est donc qu’il a froid” !
Et bien non !!! La température des oreilles des chevaux SANS couverture, avec une couverture légère, à 200g ou 400g était EXACTEMENT LA MÊME, donc toucher les oreilles de votre cheval est un très mauvais indicateur de chaleur corporelle globale, il en va de même lorsque vous touchez les membres de votre cheval.
Couvrons-nous réellement trop nos chevaux ?
On ne va pas se mentir, savoir quelle couverture mettre la nuit ou le jour est un calvaire. « Il fait pas très froid mais c’est très humide. Il fait froid mais c’est sec.. Oui mais l’écurie est fermée la nuit ». Ce n’est vraiment pas facile de s’y retrouver.
Étude sur la température de l’air sous la couverture
Une autre étude très intéressante, a chercher à savoir si nous couvrions trop nos chevaux.
Pour cela, ils ont demandé aux propriétaires de choisir la couverture convenant à leurs chevaux, puis les chercheurs ont analysé la température de l’air entre la couverture et le cheval pendant la nuit ainsi que les mouvements du cheval.
Les chevaux ont une zone thermale neutre, de 5 à 25°C, ce qui veut dire que seulement en dessous d’une température de 5, ils commencent à avoir froid, et seulement au-dessus de 25°C ils commencent à avoir chaud. Évidemment, cela varie légèrement d’un cheval à l’autre.
Ce qui signifie que, si la température de l’air entre la couverture et le cheval est supérieure à 25°C, le cheval sera dans l’inconfort car il aura chaud.
Les effets sur le confort et les mouvements du cheval
Les chercheurs ont trouvé une chose très intéressante : dès que la température de l’air sous la couverture s’approche des 25°, le cheval est dans l’inconfort et va bouger beaucoup plus qu’un cheval avec une température plus basse. Plus les chevaux avaient des couvertures lourdes et plus ils dépassaient leur zone de confort. Malheureusement, l’étude complète n’est pas encore publiée je n’ai donc pas tous les résultats mais je ne manquerai pas de vous les partager.
Les conséquences d’une couverture trop chaude
En voulant protéger nos chevaux du froid, nous leur créons un inconfort. S’ils bougent plus lorsqu’ils ont chaud, cela veut aussi dire qu’ils passent moins de temps au calme à manger ou à se reposer. Cela peut donc expliquer la mauvaise humeur de certains chevaux l’hiver.
Cela peut aussi expliquer pourquoi certains chevaux ne tolèrent pas leur couverture et ne sont vraiment pas contents lorsqu’on leur met.
Couvrir son cheval : l’impact sur la repousse des poils
Nous mettons également une couverture pour éviter que le poil repousse, ce qui nous évite de tondre 10 fois dans l’hiver, mais saviez-vous que cela peut avoir l’effet inverse ?
En effet, le fait de mettre une couverture va aplatir les poils du cheval. Or, pour se protéger du froid, le cheval « dresse » ses poils, nous l’empêchons donc de se protéger et cela peut expliquer pourquoi il produit plus de poils.
Dans cette même étude, il a également été observé que les chevaux couverts avaient beaucoup plus de mal à perdre leurs poils au printemps et qu’ils mettaient plus longtemps que les autres. En couvrant les chevaux nous dérangeons tout leur système physiologique.
Le stress et l’inconfort liés aux couvertures
Lorsque vous couvrez votre cheval, il faut aussi tenir compte de son stress et de sa ration. Par exemple une ration riche en glucides créera un surplus de chaleur lors de son assimilation. Un cheval stressé aura souvent bien plus vite chaud qu’un cheval « zen ».
Conclusion : Adapter la couverture aux besoins spécifiques de chaque cheval
Donc faut-il couvrir son cheval ? Avec le mode de vie et de travail qu’on lui propose, couvrir est parfois une nécessité, mais trop couvrir peut avoir de grave répercussion sur sa santé physique, morale et physiologique. La clé est donc de s’adapter à chaque cheval et à chaque situation. Savez-vous d’ailleurs qu’en environ de 10 jours, vous pouvez apprendre à vote cheval à choisir sa couverture ? Et oui, il peut vous dire s’il a froid ou s’il se sent bien, je vous explique comment ici.
Couvrir son cheval: les études :
O’brien 2020
Brown and Twig-Flesner,2019
Morgan, 1998