Qui n’a pas déjà entendu cette phrase :
« Si tu t’arrêtes sur un exercice que ton cheval ne veut pas faire, il sait que c’est lui qui décide ».
Alors aujourd’hui cette phrase me choque, d’une part car je ne pense pas que le cheval ne veuille pas faire… Il ne peut pas ou il ne comprend pas, certainement…
Aujourd’hui l’anecdote ne sera pas sur un cheval en suivi mais sur mon expérience en tant que jeune cavalière.
Quand j’avais environ 16 ans, j’étais sur une jument qui refusait de faire des cessions à la jambe. C’était une réformée des courses que je « dressais » pour la monte classique.
Un jour alors qu’elle refusait de réaliser les cessions, je me suis énervée, elle s’est braquée mais je ne lâchais pas prise.
Rasika, surnommée la femme qui murmurait à l’oreille des chevaux, est entrée dans la carrière et m’a dit d’un ton calme :
Maud, je pense que tu devrais descendre et reprendre demain…
Mon ego lui a répondu : et laisser la jument penser que c’est elle qui décide ? Certainement pas !
Et elle m’a répondu avec tout autant de calme :
Penses-tu que continuer de t’énerver contre un animal qui fait 10 fois ton poids va se terminer de la façon dont tu le souhaites ?
Quand toi tu es énervée, as-tu envie de comprendre les autres et de leur faire plaisir ?
Je suis descendue, un peu vexée (ouais l’ego d’une ado de 16ans…) et j’ai commencé à partir avec le cheval en main. Elle m’a appelé de son ton toujours aussi calme et m’a dit :
Reviens ici, tu vas prendre le temps de souffler, de redescendre, et tu vas caresser ton cheval et lui expliquer que ce n’est pas de sa faute.
Vous voyez mon ego qui se prend encore une claque ?
J’ai rentré la jument, le lendemain je me suis remise à cheval avec Rasika à pied. J’ai proposé les cessions sans a priori mais je les ai demandées différemment et vous savez quoi ? Tout s’est bien passé, sans se battre.
Ce jour-là, mon ego s’est pris une belle claque, c’était la première fois où j’ai vraiment remis en question l’équitation et mes pratiques.
Ce jour-là j’ai évolué et j’ai commencé à tracer mon chemin qui me mena où j’en suis aujourd’hui. Je dois tout à Rasika, elle le sait et je ne la remercierais jamais assez. Ce n’est pas la plus grosse claque que mon ego ait pris, celle-là, elle est arrivée quelques années plus tard en Angleterre, peut-être que je vous en parlerai un jour…
Le mot de la fin :
Si une séance ne se passe pas bien et que vous n’arrivez pas à faire baisser votre stress, colère ou toute émotion négative qui est en vous, descendez. Votre cheval vous remerciera. La nuit porte conseil, réfléchissez à ce que vous pourriez faire autrement et repartez sur de bonnes bases le lendemain.