🦟 Dès le mois de mars quand les insectes arrivent, c’est la cata !
Causes et symptômes de la dermite du cheval
Démangeaisons intenses d’origine allergique
La dermite est causée par une réaction allergique aux moucherons de type cullicoides. Quand ils piquent le cheval, une chaîne de réaction prend place, si le cheval y est allergique, ça le démange. Certains chevaux peuvent se gratter jusqu’au sang et cela impact grandement leur santé physique et morale. Tout comme celle du propriétaire d’ailleurs, qui ne sait plus quoi faire pour aider son cheval.
Prévention et soins externes pour la dermite estivale
Éviter les piqûres de moucherons
D’abord, il faut à tout prix éviter les moucherons :
- Si votre cheval est très réactif, mettre une couverture dès la fin d’hiver pour ne pas sensibiliser la peau
- Éviter de sortir le cheval aux horaires où il y a le plus de moucherons
- Utiliser un spray insecticide si votre cheval le tolère (qu’il ne fait pas d’allergie). Mais attention ! Même si celui-ci est naturel, il peut engendrer des réactions et rendre votre cheval plus sensible aux insectes. Plus on met de produit sur la peau et plus on la sensibilise. D’ailleurs, un spray à base d’huile essentielle a été testé scientifiquement ! Je vous mets le lien du spray ici. Malheureusement c’est un produit australien et je ne suis pas sûre qu’on le trouve en France, mais si c’est le cas, n’hésitez pas à m’envoyer le lien ! Le spray contient les huiles essentielles suivantes : Cinnamonum camphora (Ravinstsara), Cymbopogon citratus (Citronnelle), Litsea cubeba (Litsée citronnée), Mentha piperita (Menthe poivrée), and Pogostemon cablin (Patchouli). Dans cette étude, les chercheurs (Cox et al, 2020) ont vu une amélioration de 95% au niveau du grattage, lésion et inflammation après 28 jours d’utilisation. Pas mal non?!
Soins des zones affectées
- Dès que le cheval se gratte, n’hésitez pas à mettre des crèmes qui empêcheront que les moucherons piquent sur la zone sensible et apaiseront la peau. MAIS attention, les crèmes sur le marché sont souvent non testée. Il y a eu une étude menée sur une crème allemande contenant de l’huile de poisson pour son apport en oméga 3 (Huhmann et Mueller, 2019). Globalement, en 4 semaines, la crème a amélioré les lésions mais pas la qualité de la peau ni son inflammation. En revanche, pour 5 chevaux, la crème a empiré les lésions ! Donc faites très attention !
- Vous pouvez également mettre de l’argile si votre cheval le tolère. L’argile se révèle assez utile sous la zone abdominale par exemple, car il empêche que les cullicoides soient en contact direct avec la peau.
Alimentation et traitements internes pour la dermite
D’autres choses simples peuvent être mise en place, alors c’est parti!
Alimentation adaptée
Je vous le dis tout le temps, une alimentation adaptée est la clef pour un cheval en bonne santé. Assurez-vous d’avoir tous les besoins journaliers de votre cheval couverts. Aussi bien vitamines, minéraux qu’en acides aminés!
Lin : Source d’oméga 3, réduit la réponse allergique.
Le lin : Riche en oméga 3, le lin a évidemment été testé. D’après une étude, donner 1g de graine de lin par kg du poids du cheval par jour (500g pour un cheval de 500kg) pendant 6 semaines minimum permettrait de réduire considérablement la réponse allergique. Si votre cheval est atteint de dermite, vous pouvez lui donner du lin (huile ou graine) à l’année. Choisir du lin de qualité, avec un taux de calcium/phosphore équilibré et idéalement de la vitamine E ajoutée. De l’huile de lin peut aussi être utilisée, dans ce cas attention au surpoids, il faut adapter toute la ration et ajouter de la vit E. Si votre cheval est en surpoids, parlez-en à votre nutritionniste, mais pas de panique, le lin pourrait permettre de réguler le poids !
SI vous choisissez les graines de lin, celles-ci sont également riche en lysine qui permet d’améliorer le système immunitaire du cheval ainsi que la qualité de sa peau. En cas de dermite, les graines sont donc plutôt recommandées.
Vitamine B3 : Inhibe la sécrétion d’histamine, renforce la peau
La vitamine B3 est produite par le cheval dans le cæcum. La vitamine B3 permet d’inhiber la sécrétion d’histamine ce qui empêche de causer une réaction allergique. Pas de réaction allergique, pas de gratte gratte ! Il faut donc s’assurer que votre cheval ait une flore intestinale en bonne santé de sorte qu’il puisse en produire (on y revient encore). La vitamine B 3 joue aussi un rôle important sur la fermeté de la peau.
De la vitamine B3 peut aussi être donnée en complément dans la ration. La levure de bière est riche en vitamine B3 si elle est de bonne qualité.
À ce jour, pas de dose minimale ou maximale déterminée pour l’apport en vitamine B3 chez le cheval. Le cheval semble pouvoir l’excréter, mais il est difficile de savoir si une surdose a un impact sur d’autres vitamines et minéraux.
Les médicaments pour la dermite du cheval
Il existe également des traitements médicamenteux pour soulager votre cheval. Malheureusement, ces médicaments traitent les symptômes et non la cause.
Corticostéroïdes et les antihistaminiques
- Les antihistaminiques n’ont à ce jour pas fait de preuve concluante chez le cheval (Olsen et al, 2011)
- Les corticostéroïdes se révèlent être très efficaces pour soulager le cheval dermiteux. Mais ATTENTION, cela n’est pas un traitement, la cortisone permet juste d’améliorer les symptômes. Les chercheurs mettent aussi en garde contre le fait qu’un traitement de cortisone sur du long terme est néfaste pour le cheval. Avant de commencer un traitement de cortisone, il faudrait le tester pour la résistance à l’insuline comme la cortisone peut l’empirer. Chez le cheval, la dexaméthasone semble fonctionner aussi bien par voie injectable qu’orale. Les chercheurs préconisent de ne jamais dépasser 0,1ml/kg pendant plus de 5 jours
Bientôt un nouveau traitement ?
En 2020, je vous ai noté ceci :
« Un traitement en prévention ! Les chercheurs ont enfin mis le doigt sur un traitement ! Une étude sur 2 ans a eu lieu, les résultats sont très prometteurs ! Le traitement sous forme d’injection devait être commercialisé en 2022 mais pour le moment pas de nouvelles mais croisons les doigts. Ce traitement fonctionnerait comme un vaccin en prévention avec une piqûre de rappel. »
Vaccin et immunothérapie
Depuis, ce traitement semble avoir vu le jour mais je ne sais pas s’il est arrivé en France. Ce vaccin (Interleukin-5 vaccine) semble être le plus prometteur mais demande une vaccination tous les ans. En revanche, comme les autres traitements dont je vais vous parler ci-dessous, les résultats semblent variable d’un cheval à l’autre. Mais pour les chevaux se grattant jusqu’au sang, cela semble être une bonne idée car aucun effet néfaste n’a été décelé sur le long terme (Jonsdottir et all, 2020).
Un autre vaccin ciblant les cytokines a également été testé mais il semblerait que les doses aient besoin d’être modifiées d’un cheval à l’autre (Rhiner et al, 2022).
Un troisième vaccin a été testé, cette fois ciblant les interleukines 3 mais à ce jour ce vaccin est mis de côté car les doses nécessaires seraient beaucoup trop importantes et donc peu économiques (Langreder et al, 2023).
Depuis, d’autre produits ont été testés et il semblerait que l’immunothérapie soit efficace dans certains cas. Le problème de l’immunothérapie, c’est qu’il faut cibler dans le corps, une hormone spécifique pour avoir une action spécifique.
Immunothérapie : Résultats encore mitigés, en cours de développement
L’immunothérapie allergénique qui utilise une protéine spécifique provenant de l’antigène. L’antigène permet de créer des anticorps et donc de combattre l’intrus. Les résultats sont mitigés et demandent encore des recherches afin de trouver un protocole optimal.
« Whole-Pathogen Immunotherapy » qui consiste à injecter une partie du pathogène créant l’inflammation. Sur deux études menées, les résultats n’ont pas été concluants.
Conclusion : N’oubliez pas de chercher la source du problème
N’oubliez pas que la dermite peut être liée à une faiblesse immunitaire (déséquilibre de la flore, faille de l’immunité) ou encore à un mauvais fonctionnement du foie. Elle peut aussi être liée à l’alimentation et à certaines carences en vitamines et minéraux. La phytothérapie et la micronutrition montrent des résultats prometteurs mais les protocoles sont à mettre en place en amont, avant que les premiers signes de dermite n’apparaissent.
Pour essayer de trouver la cause du problème, vous pouvez aussi vous tourner vers la bioresonance. Cette thérapie alternative qui n’a pas encore fait toutes ses preuves scientifiquement, permet pourtant de pouvoir accompagner le cheval dermiteux. En faisant un bilan en décembre/ janvier, nous pouvons mettre un protocole en place qui accompagnera le cheval avant que la dermite arrive. Il y a souvent de très bons résultats, surtout sur le long terme.
Sources et études:
Webinaire du Dr Pickles, vétérinaire et chercheur, août 2020- chez Dr Marlin
Cox, A.; Wood, K.; Coleman, G.; Stewart, A.; Bertin, F.; Owen, H.; Suen, W.; Medina-Torres, C. Essential oil spray reduces clinical signs of insect bite hypersensitivity in horses. Aust. Vet. J. 2020, 98, 411–416
Rebecca Huhmann, Ralf S. Mueller, 2019. A cream containing omega-3-fatty acids, humectants and emollients as an aid in the treatment of equine Culicoides hypersensitivity
Olsén, L.; Bondesson, U.; Broström, H.; Olsson, U.; Mazogi, B.; Sundqvist, M.; Tjälve, H.; Ingvast-Larsson, C. Pharmacokinetics and effects of cetirizine in horses with insect bite hypersensitivity. Vet. J. 2011, 187, 347–351
Knottenbelt, D.C. Pascoe’s Principles & Practice of Equine Dermatology; Saunders: London, UK, 2014.
Scott, D.W.; Miller, W.H. Equine Dermatology, 2nd ed.; Elsevier: Amsterdam, The Netherlands; Saunders: Maryland Heights, MO, USA, 2011.
Pilsworth, R.C.; Knottenbelt, D.C. Equine insect hypersensitivity. Equine Vet. Ed. 2004, 16, 324–325
Smith, B.P. Large Animal Internal Medicine; Elsevier Mosby: Saint Louis, MO, USA, 2014.
Rhiner, T.; Fettelschoss, V.; Schoster, A.; Birkmann, K.; Fettelschoss-Gabriel, A. Targeting eosinophils by active vaccination against interleukin-5 reduces basophil counts in horses with insect bite hypersensitivity in the 2nd year of vaccination. Vet. J. 2022, 288, 105896.
Jonsdottir, S.; Fettelschoss, V.; Olomski, F.; Talker, S.C.; Mirkovitch, J.; Rhiner, T.; Birkmann, K.; Thoms, F.; Wagner, B.; Bachmann, M.F.; et al. Safety Profile of a Virus-Like Particle-Based Vaccine Targeting Self-Protein Interleukin-5 in Horses. Vaccines 2020, 8, 213
Fettelschoss-Gabriel, A.; Fettelschoss, V.; Thoms, F.; Giese, C.; Daniel, M.; Olomski, F.; Kamarachev, J.; Birkmann, K.; Bühler, M.; Kummer, M.; et al. Treating insect-bite hypersensitivity in horses with active vaccination against IL-5. J. Allergy Clin. Immunol. 2018, 142, 1194–1205.e3
Langreder, N.; Schäckermann, D.; Meier, D.; Becker, M.; Schubert, M.; Dübel, S.; Reinard, T.; Figge-Wegener, S.; Roßbach, K.; Bäumer, W.; et al. Development of an inhibiting antibody against equine interleukin 5 to treat insect bite hypersensitivity of horses. Sci. Rep. 2023, 13, 4029