
Mon cheval tousse toujours lors de ses premières foulées de trot mais on m’a dit que c’était normal.
Ah cette phrase, je l’entends souvent, la première fois que je l’ai entendu j’apprenais moi-même à monter à cheval !
Un cheval ne devrait JAMAIS tousser au travail, même une fois ou deux. Si votre cheval tousse, même que de temps en temps, cela peut être un début d’asthme.
Qu’est ce que l’asthme équin ?
L’asthme équin est désormais le terme regroupant l’emphysème et autres pathologies pulmonaires inflammatoires. L’asthme équin est un inflammation des voies respiratoires basses (poumons). Lorsqu’un cheval a de l’asthme, les poumons vont produire du mucus. Cela entraine une obstruction des voies respiratoires. L’asthme peut évoluer ou non, et cela gênera plus ou moins le cheval tout au long de sa vie. L’asthme est regroupé en 3 groupes en fonction de sa gravité:
- Léger
- Modéré
- Sévère
Dès lors que le cheval à de l’asthme, il mettra plus de temps à récupérer, son cœur forcera plus à l’effort, il pourra tousser et avoir des écoulements nasal.
Pour vous donner quelques chiffres :
68 à 77% des chevaux de loisir sont atteints d’asthme modéré, ce n’est pas négligeable.
38% des chevaux atteints d’asthme sévère ne toussent pas.
Ce n’est donc pas parce que votre cheval ne tousse pas, qu’il n’a pas d’asthme !
Que faire en cas de suspicion d’asthme et de problèmes respiratoires ?
Si votre cheval tousse régulièrement ou récupère difficilement de sa séance de travail, la première chose à faire est d’appeler votre véto. Analysez aussi la situation afin de trouver la cause de la toux et de limiter les facteurs allergènes. Le cheval ne montrera des symptômes de l’asthme qu’une fois un certain seuil d’inflammation atteint. C’est-à-dire que tant qu’il ne dépasse pas une certaine limite, il y aura une inflammation dans son corps mais il n’y aura pas encore de symptômes externes alarmants. Il n’est donc pas anormal qu’en vieillissant le cheval déclenche du jour au lendemain de l’asthme. Un cheval senior également aussi moins de vitamine C. La vitamine C est essentielle pour lutter contre les allergènes, les radicaux libres ainsi que l’inflammation de la trachée et pulmonaire.Appeler le véto, surveiller les écoulements nasaux s’il y en a. S’ils sont jaunâtres c’est probablement une infection, s’ils sont blanchâtres c’est probablement de l’asthme (allergies y compris).
Le diagnostic
L’asthme passe souvent inaperçu pendant des mois voire des années. L’asthme même sévère est dans 50% des cas NON détectable lors d’une auscultation pulmonaire. Ceci est dû à l’épaisseur des tissus au-dessus des poumons qui ne permettent pas une écoute approfondie.
L’endoscopie pulmonaire avec lavage bronchioalvéolaire sont pour le moment les seuls moyens disponibles pour déceler l’asthme et surtout son stade. De nombreux vétérinaires vont proposeront cet examens en écurie, d’autres vous demanderont d’emmener le cheval en clinique. Bien que les recherches soient en cours, pour le moment la prise de sang ne permet pas de détecter l’asthme. L’asthme modifie le taux de certaines protéines et globules blanc. En revanche, pour le moment il semblerait que pour avoir un diagnostic sûr, les vétérinaires devraient réaliser une série d’analyse assez complexe. Peut-être que dans un futur proche cela sera possible. Ce serait trop génial pour les chevaux car beaucoup moins invasif que l’endoscopie.
Connaitre la fréquence respiratoire de votre cheval

Il y a un exercice facile que vous pouvez faire afin de surveiller la respiration de votre cheval.
Vous pouvez faire cet exercice lorsqu’il est au repos, avant le travail par exemple. Assurez-vous qu’il ne vient pas de se taper le meilleur galop de sa vie avec ses potes, sinon l’exercice sera biaisé. Attacher votre cheval et compter sa respiration en chronométrant. Au repos, la respiration doit être de 8-10 cycles par minute. Un cycle = une inspiration + une expiration. Sa fréquence respiratoire peut être légèrement augmentée si votre cheval est stressé.
Pour compter les cycles, vous pouvez vous baser sur deux paramètres :
- Le mouvement de ses naseaux
- Le mouvement de sa cage thoracique. Vous pouvez également poser votre main sur sa cage thoracique afin de mieux ressentir.
Surveiller la respiration de votre cheval au moins une fois par semaine. Cela peut-être un indicateur précieux qui peut vous permettre de détecter de l’asthme précoce, et donc d’éviter les catastrophes pulmonaires que j’aborde juste en dessous ! Personnellement, le fait de surveiller la respiration des chevaux de mes clients lors de séances de massage, m’a permis de leur conseiller une endoscopie et à chaque fois de l’asthme a été décelée par le vétérinaire !
Les poumons de votre cheval asthmatique
La photo ci-dessous est issue du Webinaire du Dr Marlin sur les allergies. Je vous la partage car je la trouve très parlante. La photo représente une biopsie de poumon d’un cheval sain à gauche et asthmatique à droite. Sur celle de gauche, en rose, les vaisseaux sanguins qui permettent les échanges d’oxygène, les espaces blancs sont les alvéoles qui contiennent l’air et donc l’oxygène. La photo de droite est celle d’une biopsie de poumon d’un cheval asthmatique. Comme vous pouvez le constater il n’y a presque plus d’espace blanc. Les alvéoles sont fibrosées, il y a moins de place pour l’air, les échanges gazeux sont donc plus compliqués. Cela veut dire que le cheval aura moins d’oxygène dans son corps pour alimenter ses organes ainsi que ses muscles.

Malheureusement pour obtenir des images comme celle-ci, il faut faire une biopsie qui est une méthode invasive. Votre vétérinaire peut faire une endoscopie mais il ne pourra malheureusement pas observer ce qui se passe au niveau alvéolaire.
Accompagner le cheval asthmatique
Plusieurs choses peuvent être mis en place pour accompagner votre cheval asthmatique. Parfois, des traitements médicamenteux et notamment de la cortisone seront nécessaires. Suivez toujours les recommandation de votre vétérinaire afin d’aider votre cheval du mieux possible ! En attendant, voici quelques infos pour vous aider dans la gestion de votre cheval. Prévention ou compléments, il y a de quoi faire !