On aime avoir un cheval souple, symétrique, qui s’incurve aussi bien à droite qu’à gauche. Les chevaux, tout comme nous, ont des préférences motrices et seront donc naturellement plus souples d’un côté que de l’autre. Cette préférence motrice peut être différente de leur préférence sensitive. En effet, la préférence motrice réfère au mouvement, par exemple un cheval qui préfère utiliser son postérieur droit au gauche, alors que la préférence sensitive se réfère aux organes des sens, comme un cheval qui préfère utiliser son œil droit pour regarder un objet inconnu. Naturellement, le corps (aussi bien le nôtre que celui de nos chevaux) n’est pas symétrique. L’estomac est plus à gauche, le foie plus à droite (etc.) et cela engendre une dissymétrie naturelle que nous avons dès la naissance. En ce qui concerne les préférences motrices et sensitives, elles seront en partie définies à la naissance et en partie définies au cours de la vie en fonction du mode de vie, expérience et travail du cheval. Dernièrement, il y a pas mal de discussions autour du fait d’avoir un cheval 100% symétrique. En effet, cela signifierait qu’il n’aurait pas de préférence motrice spécifique puisqu’il serait aussi bien à l’aise à droite qu’à gauche. Or, si on prend le temps de le comparer à l’humain, cela reviendrait au même que de forcer un gaucher à écrire de la main droite.
Pendant de nombreuses années et malheureusement encore maintenant, certains gauchers sont forcés à écrire de la main droite. Or les études sont formelles : modifier cette préférence motrice est néfaste et engendre un stress non négligeable pour l’humain. La question peut donc se poser pour nos chevaux, quel est l’impact physique et psychique de vouloir des chevaux 100% symétriques ? C’est exactement de cela que nous allons parler dans cet article.
Tout d’abord que signifie une dissymétrie ?
Une dissymétrie peut être « statique » à cause d’une dissymétrie musculaire ou un problème d’aplomb par exemple, ou elle peut être « dynamique ». Lors d’une dissymétrie dynamique, on observera par exemple un postérieur qui engage moins bien que l’autre, le bassin légèrement en rotation ou encore un antérieur qui avance moins bien que l’autre. Il y a des dissymétries « naturelles », oui, nous sommes tous dissymétriques et avons tous des préférences. Mais il y a aussi des dissymétries « acquises » provenant du mode de vie, du travail ou encore de blessures et pathologies. Ce qu’il faut bien garder en tête, c’est qu’avant de se dire « il a toujours été comme ça, ça ne le gêne pas » il faut éliminer les causes d’une pathologie, sinon celle-ci s’aggravera au fil du temps et nuira au fonctionnement d’autres structures, engendrant des pathologies de compensation.
Gardons aussi en tête que lors de dissymétries musculaires, ce n’est pas toujours le côté le moins musclé qui a un problème. En effet, parfois le corps sur développe certains muscles pour protéger une articulation arthrosée ou compenser un mouvement qu’il n’arrive plus à réaliser correctement dans son bon schéma physiologique.